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- Catégorie : Lutte biologique, maladies et ravageurs des plantes
- Mis à jour : mercredi 13 février 2019 10:17
- Écrit par bio-enligne.com
Lutte biologique contre la mouche blanche : Surveillance et seuil de tolérance
La surveillance de Bemisia tabaci, aleurode de l'ordre des Homoptères, est d'une importance capitale en protection intégrée dans le cadre d'une agriculture biologique surtout pour des cultures sous abri. Elle doit être méticuleuse suivant des règles bien précises.
La surveillance de cet aleurode redoutable (vecteur du virus TYLCV), inclut le piégeage par les plaques jaunes engluées et l'inspection des feuilles. Les lignes de bordure, les mauvaises herbes et les milieux chauds de la serre sont généralement les premiers à être infestés. Ces différents endroits constituent des foyers qu'il faudrait suivre pour évaluer le devenir de l'infestation. Toute mesure de lutte repose sur une connaissance parfaite de l'ennemi de la culture.
Crédit photo © starlene - flickr.com - TYLV sur tomate
SOMMAIRE
I. Méthodes de surveillance de la mouche blanche
Surveillance des adultes de la mouche blanche:
Les adultes de Bemisia tabaci émergent de préférence le matin et deviennent très actifs lorsque la température augmente en volant (vol actif) pendant plus d'une heure. Ensuite, ils sont soit installés à côté de leurs hôtes, soit transportés par le vent (vol passif) ou par l'homme sur de longues distances.
Une fois sur la plante, les adultes de la mouche blanche se déplacent des vieilles feuilles vers les plus jeunes pour y pondre. Au cours de ce déplacement, ils sont attirés par la couleur jaune, raison pour laquelle il est recommandé d'utiliser les plaques jaunes à glue comme outil de surveillance de l'espèce. C'est, en effet, un bon indicateur de la présence de ses ennemis naturels.
Crédit photo © elintarviketurvallisuusvirasto_evira - flickr.com - Bemisia tabaci (Mouche blanche adulte)
Le nombre de pièges jaunes à placer par unité d'observation dépend en grande partie du but escompté. Pour l'estimation des populations, il est recommandé d'utiliser 3 plaques/10 m². En protection intégrée, l'installation de 10 plaques/1000 m² permet une bonne surveillance.
De nombreux facteurs peuvent contribuer à modifier les résultats des captures. Nous citerons spécialement la température, la photopériode (les aleurodes ne volent pas la nuit), les précipitations, et le niveau d'emplacement des pièges ; près de l'apex étant le meilleur niveau.
L'inspection des feuilles est aussi une autre technique qu'il faudrait fréquemment mener afin de pouvoir repérer les premiers foyers. Les adultes de la mouche blanche se trouvent généralement sur la face inférieure des feuilles.
Les observations recueillies peuvent être énumérées de plusieurs façons. Dans les conditions de faible densité de la population, on peut opter pour la distribution binomiale, qui consiste à prendre un échantillon de plants représentatifs de la serre. Les adultes d'aleurode ne sont pas comptés. Seule la présence ou l'absence de l'insecte sur le plant est notée. Cette technique permet d'économiser du temps.
Dans les conditions de forte densité de la population, il est préférable de procéder à une distribution groupée en classes. Sur chaque plant, on note la classe de présence des adultes représentée par une limite minimale et maximale du nombre d'individus rencontrés:
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Classe 0 = absence d'adulte/plant.
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Classe 1 = moins de 5 adultes/plant.
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Classe 2 = 5 à 20 adultes/plant.
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Classe 3 = 20 à 50 adultes/plant.
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Classe 4 = plus de 50 adultes/plant.
Surveillance des immatures:
À part la transmission des virus, les larves et les pupes de la mouche blanche causent plus de dégâts directs que les adultes. Leur surveillance nécessite beaucoup plus de temps et de personnel qualifié. Cependant, elle permet d'obtenir des estimations fiables de la densité de la population juvénile.
La localisation des différents stades larvaires de Bemisia tabaci suit le développement de la plante hôte. Les œufs et les jeunes larves se trouvent sur les jeunes feuilles du haut, tandis que les larves plus âgées et les nymphes se trouvent sur les feuilles basses.
Cette surveillance inclut les observations directes et les échantillonnages des feuilles. L'observation de 1% des plants par parcelle est raisonnable dans un programme de lutte intégrée ; généralement la distinction entre les jeunes stades larvaires est très difficile à l'œil nu, mais les larves âgées et les pupes peuvent facilement être observées et distinguées par la présence ou l'absence des yeux rouges.
Il est cependant souhaitable de suivre l'évolution des immatures sous loupe binoculaire. L'unité d'échantillonnage la plus utilisée est la feuille ou la foliole. Toutefois, lorsque la population est très dense, il est préférable de compter les immatures sur des portions de feuille (exprimées en cm²). Le nombre d'échantillons prélevés dépend de la surface de la serre et de l'objectif visé.
II. Seuil de tolérance
Le seuil de tolérance sert comme référence aux agriculteurs pour justifier le besoin ou la nécessité d'un traitement en déterminant à chaque fois le moment opportun de l'intervention (Cf. Lutte biologique et culturale, sous serre, contre la mouche blanche). Il correspond à la fréquence des individus ou de dégâts par unité d'échantillonnage au-dessus de laquelle les pertes engendrées seront importantes.
La valeur du seuil d'intervention représente un point d'équilibre économique. Elle varie selon l'importance accordée par le technicien à diverses variables (approximativement connues au moment de la prise de décision d'intervenir) biologiques et économiques : la relation entre la densité du ravageur et les dégâts occasionnés par sa présence, l'évolution de la future population, l'activité des auxiliaires, le rendement visé, le prix de vente prévu, les types de produits utilisés et leur efficacité (moment et les conditions d'application, stade visé...).
Malheureusement, peu de travaux récents ont été conduits pour établir des seuils d'intervention de Bemisia tabaci. Le statut de vecteur de virus rend l'espèce indésirable même à des seuils très faibles, surtout si les sources d'inoculum sont présentes. Aux USA, certains seuils d'intervention sont signalés.
Sur la culture de la tomate, on recommande en Floride une intervention si on observe entre la 3ème et la 7ème feuille à partir du sommet de la plante 1 adulte /foliole sur un plant ( < à 3 feuilles) ou 5 larves /10 folioles sur un plant ( > à 3 feuilles). Au Texas, le seuil d'intervention est de 7 larves/cm².
Sur la culture du cotonnier, il est conseillé de déclencher un traitement si on l'observe 5 adultes par feuille.
Sur cantaloup, il est plus faible ; 0,5 larves par feuille ou 3 adultes par feuille.
Jusqu'à présent, il n'existe pas de seuil défini à partir des captures d'adultes sur pièges jaunes englués. En effet, la grande variabilité des captures due aux conditions climatiques ainsi que le caractère relatif des estimations de densité obtenues par cette technique rendent difficile la mise au point de seuils fiables.