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- Catégorie : Lutte biologique, maladies et ravageurs des plantes
- Mis à jour : mardi 15 octobre 2019 10:02
- Écrit par bio-enligne.com
Nématodes à galles: Symptômes, dégâts et méthodes de lutte biologique
Les Meloidogyne spp., ou nématodes à galles, sont des parasites dangereux des cultures de tomate et cucurbitacées (melon, pastèque et courgette). Ce sont des endoparasites sédentaires qui peuvent engendrer des baisses de rendements considérables.
SOMMAIRE
I. Biologie et écologie des nématodes à galles (MELOIDOGYNE SPP.)
Les Meloidogyne ou nématodes à galles ou encore nématodes des racines noueuses (Root-knot nematodes) sont des vers ronds allongés en fuseau, non segmenté à symétrie bilatérale.
Ces nématodes se distinguent par un dimorphisme sexuel prononcé. Le mâle est filiforme, tandis que la femelle est globuleuse.
Les nématodes à galles engendrent sur les racines des végétaux infestés, la formation de renflements caractéristiques, qu'on appelle des galles, pouvant envahir tout le système radiculaire en cas d'attaque prononcée.
En effet, les nématodes à galles sont considérés comme étant l'un des principaux ennemis des plantes cultivées.
Ils sont extrêmement répandus ; on les rencontre dans toute la zone intertropicale et dans les régions tempérées chaudes.
Certaines espèces remontent même assez au Nord en Europe.
Crédit photo © Scot Nelson - flickr.com - Meloidogyne incognita (Dégâts sur racines de la plante de tomate)
II. Position systématique des Meloidogyne spp.
Les nématodes à galles faisant autrefois partie du genre Heterodera où ils étaient considérés comme une espèce : H. marioni (= H. radicicola), Chitwood les en sépara en 1949 réservant le genre Heterodera aux nématodes à kystes.
Les nématodes du genre Meloidogyne appartiennent à l'embranchement des Nemathelminthe, à la classe des Nematoda (pas de cils vibratiles, œsophage différencié, appareil excréteur glandulaire) et à la sous classe des Phasmida.
La systématique du genre se présente comme suit:
a. Ordre: Tylenchida.
b. Sous-ordre: Tylenchina.
c. Super-famille: Tylenchoidea.
d. Famille: Heteroderidae.
e. Sous-famille: Meloidogynenae.
Le genre Meloidogyne compte environ 60 espèces. Leur identification se base sur des critères anatomiques dont certains sont bien souvent impossibles à discerner.
Identification se base également sur l'utilisation des gammes de plantes hôtes, sur l’étude électrophorétique des protéines et des isoenzymes des femelles comme pour certaines espèces M. incognita, M. javanica et M. arenaria.
Parmi les nombreuses espèces connues, quatre sont particulièrement dangereuses, Meloidogyne halpa, Meloidogyne incognita, M, javanica et M. arenaria. Elles sont très répandues en Afrique du Nord, notamment au Maroc et en Tunisie, et peuvent être rencontrées en Europe du Sud.
III. Cycle biologique des nématodes à galle
Le nématode est un endoparasite sédentaire, les femelles adultes de Meloidogyne pondent des œufs en nombre moyen de 500 à 1000 réunis par une substance gélatineuse en une masse. Cette progéniture se trouve enfermée dans la galle, ou parfois à l'extérieur, si la plante, en l’occurrence la racine, est détruite.
Les larves des nématodes à galle induisent des structures d'alimentation spécialisées dans les tissus vasculaires de la racine végétale. La cellule nourricière n’est pas vidée, mais au contraire, assure par transformation (polynucléarisation) la nutrition normale du nématode.
Le premier développement larvaire des nématodes à galle, jusqu'à la première mue a lieu dans l'œuf. Les larves J2 qui éclosent dans les galles s’installent directement dans le tissu de la racine. Celles qui éclosent dans le sol migrent jusqu'à la pointe des racines, pénètrent près de la coiffe et se fixent dans le cylindre central.
L'évolution des larves J2 passe par le troisième puis par le quatrième stade larvaire qui se transforme soit en mâle, soit en femelle.
Crédit photo © Scot Nelson - flickr.com - Meloidogyne sp. (J3 - Troisième stade juvénile)
Le cycle évolutif comprend deux phases: une phase sol (exophyte), de la ponte à l'introduction des larves dans les racines de la plante et une phase dite endophyte qui comprend le développement et la reproduction à l'intérieur des tissus. Le cycle biologique et le nombre de génération annuel dépendent essentiellement des températures. Celles-ci agissent sur l'éclosion des larves et sur le développement de l'espèce. Dans des conditions favorables, le cycle total se déroule en trois à quatre semaines.
La femelle du nématode grossit, devient globuleuse et pont ses œufs. Le mâle quitte la racine, sa vie est de très courte durée.
IV. Symptômes des nématodes à galle
Symptômes sur le système racinaire:
Les nématodes à galle sont très polyphages. Ils s'attaquent à plusieurs plantes hôtes (tomate, pastèque, melon, courge, courgette).
Le principal symptôme visible est la présence de galle sur le système racinaire.
Dans le cas d'une racine attaquée par les nématodes à galle, on observe la présence d'un renflement isodiamétral.
Lorsque on applique une incision au niveau du renflement, à l'aie d'un objet tranchant (lame fine), une personne à l'œil avisé peut potentiellement apercevoir, au sein d'un tissu à priori normal, de petites perles de couleur blanche, à la taille d'une demi-tête d'épingle (femelles adultes du parasite).
Symptômes sur les parties aériennes:
Le parasitisme des Meloidogyne ne provoque pas l'apparition de symptômes spécifiques sur la partie supérieure de la plante hôte ce qui rend la tâche de les détecter très entreprenante.
Il s'agit plutôt d'une déficience générale de la plante suite à une réduction des capacités d'absorption et d'assimilation du système racinaire de la plante.
Cette réduction a pour première conséquence une diminution de l'alimentation minérale de la plante. La partie aérienne présente alors un aspect chétif: la croissance est retardée, les feuilles sont réduites et peuvent accuser des symptômes de déficience minérale. La floraison et la fructification peuvent être fortement diminuées.
Crédit photo © Scot Nelson - flickr.com - Meloidogyne incognita (Symptômes sur le système racinaire de la plante de tomate)
V. Méthodes de lutte biologique contre les nématodes à galle
Différentes techniques peuvent être employées afin de réduire l'impact des dégâts des Meloidogyne sur les cultures maraîchères.
Méthodes agronomiques: Les mesures prophylactiques consistent à empêcher la propagation du parasite et à éliminer les sources probables d'infection. La dissémination des nématodes à galle peut, en effet, s'effectuer par le sol, les eaux de précipitation ou d'irrigation et surtout par le matériel végétal. Il est par conséquent vivement conseillé de respecter certaines recommandations, comme l'utilisation de jeunes plants sains et/ou certifiés indemnes. Il est également préconisé d'éviter l'infestation des parcelles non-infectées soit par ruissellement des eaux pluviales, soit par le transport du sol à cause des outils de travail.
Solarisation: La solarisation du sol, combinée à d'autres traitements biologiques (comme l'usage des œillets d'inde), est notamment une technique culturale permet de diminuer significativement les populations des nématodes à galles.
Désinfection à la vapeur: Le traitement à la vapeur est une méthode physique de désinfection du sol traditionnellement employée afin de lutter contre les agents telluriques dont les nématodes à galles. Elle était couramment utilisée par les maraîchers avant le premier choc pétrolier de 1974. L'augmentation du prix des combustibles a vu une désaffection pour ce procédé qui a été alors remplacé par les fumigants.
Cette méthode de désinfection présente actuellement un regain d'intérêt compte tenu de la limitation d'emploi des fumigants nécessitant de trouver d'autres moyens de désinfection. De plus, la vapeur est agrée par le cahier de charges des cultures biologiques.
Cette technique, en plus de son coût relativement élevé, présente des effets secondaires nombreux (remontée du NH4 et une toxicité due à la diminution simultanée de NO3 et l'augmentation de NO2).