Mon potager et jardin bio
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- Catégorie : Mon potager et jardin bio
- Mis à jour : mercredi 4 septembre 2019 17:07
- Écrit par bio-enligne.com
Culture, variétés et plantation de la myrtille, Vaccinium spp.
Le myrtillier pousse naturellement à l'état sauvage dans plusieurs pays de l'hémisphère Nord. Il résiste au gel et convient parfaitement à une culture biologique. C'est vrai que le coût de production en bio est plus élevé par rapport à une production conventionnelle, mais cette différence est compensée par les prix de vente relativement élevés de la myrtille issue de l'agriculture biologique.
Des pratiques culturales comme le paillage, la mise en place d'une couverture végétale entre les lignes des arbustes et le contrôle biologique des maladies et ravageurs de la myrtille garantiront la durabilité de cette culture. Des hybrides nains se prêtant à une culture en pot ou dans un petit jardin ont été récemment développés. Ils sont décoratifs (le feuillage prend, durant la saison automnale, une jolie teinte rouge), et offrent de surcroît une abondance de fruits plus gros que l'espèce sauvage.
Les feuilles de myrtille sont connues en phytothérapie pour leur vertus médicinales à réguler le taux de sucre et à améliorer la circulation sanguine.
Pour plus d'information Cf. Bienfaits des myrtilles, Lire aussi: Myrtille : Protection et lutte biologique.
Crédit photo © inyucho - flickr.com - Vaccinium myrtillus (Fruits du myrtille)
Guide pratique et rapide:
Méthode: Plantation de novembre à mars. Pot: Conteneur assez large de 50 cm de profondeur minimum - Situation: Ensoleillée ou mi-ombragée - Sol: Terreau riche, acide, et bien drainé - Taille: De novembre à mars - Récole: De l'été jusqu'au début d'automne selon les variétés.
SOMMAIRE
I. Description botanique et choix variétal
Botanique:
La myrtille relève du genre Vaccinium qui appartient à la famille botanqiue d'Ericaceae. C'est un petit arbuste d'une hauteur comprise entre 15 et 50 centimètres, étalé sur 20 à 30 cm. Ses feuilles sont caduques et coriaces, rappelant celles du myrte. Elles changent de coloration en fonction de la saison, passant du rose, puis du jaune vert, et enfin du rouge et or durant l'automne.
Les fleurs du myrtillier, de couleur gris blanc, tachetées de rose, poussent à l'aisselle des feuilles et apparaissent sous forme d'urne. Elles s'épanouissent en mois de mai et juin. Elles sont naissance à des baies bleues, violettes ou noires rondes, d'un diamètre d'un centimètre. Ces fruits sont formés d'une pulpe très juteuses, succulente et acidulée, et de petites graines comestibles.
Choix variétal:
Le genre Vaccinium spp. contient plusieurs espèces d'importance économique:
a. Myrtille vraie, Vaccinium myrtillus. Cette espèce, très appréciée, notamment en phytothérapie (riches en agents anti-oxydants), est originaire d'Europe, plus précisément, de Grande Bretagne. Elle y pousse spontanément en altitude, à la lisière des bois de conifères. La myrtille vraie peut être, par ailleurs, cultivée pour ses baies juteuses et délicieuses.
b. La haute myrtille, Vaccinium corymbosum, est la plus cultivée. Elle est issue de mi-Atlantique en Californie, de l'Oregon et de Washington.
c. Les myrtilles naines ou sauvages, Vaccinium angustifolium, sont adaptées à l'extrême nord et se commercialisent essentiellement dans l'Est du Canada et certaines zones de New Hampshire et Michigan.
d. La myrtille œil de lapin, Vaccinium ashei, est gros buisson bien adapté au Sud.
e. La haute myrtille du sud, Vaccinium corymbosum x Vaccinium darrowi, est un hybride adapté à la zone sud de myrtille œil de lapin ainsi que les zones côtières du sud. Elle est marquée par un faible besoin en heures de froid et entre en floraison et en fructification plus tôt que la haute myrtille et la myrtille œil de lapin.
Les conditions météorologiques, les avantages géographiques et la tolérance aux maladies sont les considérations économiques qui interviennent dans le choix des variétés.
II. Techniques de culture biologique du myrtillier
Pour une culture de myrtillier en pot, il est judicieux de signaler que la plante met un peu plus de temps à s'établir en comparaison à une plantation en pleine terre. Au bout de quelques années, les récoltes deviennent tout à fait honorables.
Emplacement et température:
La culture de myrtille en pot ou dans le jardin doit être installée dans un endroit ensoleillé ou partiellement ombragé. Disons que le myrtillier peut prospérer à mi-ombre, notamment à l'ombre de pins et de sapins ou sous des azalées et des rhododendrons, mais la fructification est optimale au soleil. Il tolère l'exposition au vent, mais ne supporte guère celle du littoral. Côté température, la plante de myrtille est très robuste et ne craint pas le froid.
Sol et pH:
Le conteneur qui recevra la plantation doit comporter de la terre de bruyère (pH compris entre 4 et 5,5) enrichie d'engrais sans calcaire (en sol alcalin, le myrtillier développe de la chlorose). La terre doit être, aussi, bien drainée, sablonneuse ou argileuse.
Multiplication et plantation:
Le myrtillier se reproduit par semis, bouturage, marcottage, drageons:
a. La graine est semée quand elle est fraîche, en fin de la saison hivernale. L'opération est effectuée dans un terreau non limoneux, en veillant à recouvrir la semence. Les graines non fraîches (conservées) ont besoin d'une stratification froide qui dure entre 2 et 3 mois. Les plantules sont repiquées dans des pots individuels, contenant un terreau acide, pour une future transplantation définitive l'hiver d'après.
b. Des boutures, semi-ligneuse avec talons, sont ôtées en fin de la saison estivale. Elles sont, ensuite, piquées dans un terreau acide et sablonneux. Le bouturage est plus compliqué que le semis. Il nécessite plus de temps et plus de patience.
Le myrtillier est plantée pendant la saison hivernale durant une journée plus ou moins douce. La motte est immergée préalablement durant une heure dans un seau contenant l'eau de pluie. Le trou creusé dans le terreau pour planter le myrtillier est soigneusement comblé une fois l'opération de plantation est délicatement effectuée.
c. Le marcottage est réalisé, à partir du printemps et jusqu'au commencement de l'automne, sur des rameaux sains. L'enracinement peut durer environ 18 mois.
d. La séparation des drageons s'effectue durant la saison printanière. Ils sont conservés dans du terreau humide pour une éventuelle replantation en hiver.
Entretien:
a. La culture de myrtillier nécessite constamment un sol humide. Afin d'aider le terreau à retenir de l'eau, il est conseillé d'ajouter la terre de bruyère en surface, ou encore pailler avec du compost de feuilles.
b. L'arrosage avec de l'eau pluviale permet de préserver l'acidité du sol.
c. Il faut signaler que les fruits de myrtilles se développent sur des rameaux âgés de 2 ou 3 ans. Il est donc primordial de ne pas tailler le bois tant qu'on n'a pas obtenu une première cueillette.
d. Il est également recommandé de rabattre aux deux tiers les branches les plus âgées durant l'hiver suivant afin de favoriser l'apparition de nouvelles pousses. Le bois mort ou trop frêles doit être notamment coupés.
III. Sols et fertilisation
La myrtille est différente des autres arbres fruitiers en matière des sols adéquats et les exigences de fertilité. En effet, elle préfère des sols acides avec un pH compris entre 5,5 et 4,8. Ainsi, un pH supérieur à 5,5 provoque la chlorose ferrique et quand le pH du sol descend en dessous de 4,8, la possibilité de toxicité du manganèse se pose. Dans les deux cas, les plantes ne fonctionnent pas bien et la correction de pH s'impose comme la solution la plus efficace pour ajuster les défauts du sol relatifs au pH.
Le myrtillier est une plante qui adore les sols acides et très humides. Pour une culture domestique, il est recommandé de le cultiver dans un conteneur plutôt qu'en pleine terre.
Le tableau suivant indique les quantités de soufre et de chaux à appliquer au sol sous forme d'amendement pour corriger l'alcalinité et l'acidité respectivement:
Texture du sol |
Quantité de soufre pour abaisser le pH du sol d'une unité (par exemple de 6 à 5) en Kg/ha |
Quantité de chaux pour augmenter le pH du sol d'une unité (par exemple de 4 à 5) en Kg/ha |
Sablonneux (CEC = 5) |
486 à 728 |
1121 |
Limoneux (CEC = 15) |
975 à 1457 |
1270 |
Argileux (CEC = 25) |
1457 à 1960 |
4928 |
Si nécessaire, le soufre est généralement appliqué en couverture, mais l'apport de soufre soluble à travers l'eau d'irrigation de goutte à goutte est aussi une option. Le vinaigre et l'acide citrique peuvent aussi contribuer dans la réduction du pH en les appliquant avec l'eau d'irrigation.
Contrairement aux autres cultures, la myrtille préfère l'azote sous sa forme ammoniacale. C'est pour cette raison que le pH joue un rôle important dans la disponibilité de l'azote pour les cultures. En effet, dans un pH du sol neutre, l'azote ammoniacal est rapidement converti en nitrates grâce à l'activité des micro-organismes. Cependant, dans le cas des sols acides, la forme ammoniacale domine et il est facilement accessible pour les plantes de myrtille.
La matière organique joue un rôle particulier dans la culture de myrtille en augmentant la capacité de rétention de l'eau, en tamponnant le pH et en libérant les éléments nutritifs.
Les sols riches en matière organique constituent également un environnement propice pour les mycorhizes symbiotiques qui favorisent l'absorption de l'eau, de l'azote, du phosphore et des autres minéraux.
Pour répondre aux besoins des plantes de myrtille en éléments nutritifs, il faut apporter des fertilisations supplémentaires particulièrement en azote et en potassium.
Les exigences de myrtille en phosphore sont trop faibles et un excès en cet élément produit la chlorose ferrique.
Des niveaux élevés de calcium sont également indésirables. Les besoins en azote de la culture de myrtille sont estimés entre 111 et 113 Kg/ha dans le cas de l'emploi de paille comme paillage. Dans le cas inverse, un apport de 60 Kg/ha est suffisant.
IV. Récolte et conservation des myrtilles
Les baies de myrtilles sont récoltées quand elles ont une teinte bleue uniforme et légèrement luisante.
Si les myrtilles sont cueillies alors qu'elles présentent encore des zones vertes ou rouges, sachez qu'elles ne finiront jamais leur maturité une fois prélevées.
Comme indiqué plus haut, la myrtille à gros fruits a besoin d'un sol acide (pH entre 4 et 5,2) et de soleil. Cependant, elle ne doit pas souffrir de la sécheresse. Pour acidifier votre terre, ajoutez de la tourbe et épandez 1 kg de fleur de soufre pour 10 m2.
Les baies de myrtilles sont consommées de préférence très fraîches. Elles peuvent être conservées sans les laver au réfrigérateur.
Pour congeler les baies de myrtille, il faut d'abord les laver, puis les sécher en les pressant délicatement dans du papier essuie-tout, ensuite les emballer immédiatement dans des sacs alimentaires. La conservation au congélateur dure jusqu'à un an.